« Raviver la mémoire, ce n’est pas vénérer les cendres mais attiser les braises ».(Jean Jaurès)


La Journée de huit heures
article paru dans "lectures pour tous" en 1905  
:



Les "Puddlers" : tableau de Rixens. (Musée de la Ville de Paris)
C'est un rude labeur que celui des puddlers qui affinent la fonte en la brassant dans le four avec de lourdes barres de fer recourbées apelées "ringards".
On comprend que la perspective d'une réduction de la journée de travail soit pour les séduire. Encore faudrait-il qu'elle n'entrainât pas une diminution de la production, et par suite, du salaire...

Le malaise qui se manifeste de façon si inquiétante dans le monde du travail préoccupe à juste titre tous ceux  qui sont pareillement soucieux de l'avenir
de notre industrie nationale et de la condition de l'ouvrier en France. Parmi les remèdes les plus récemment préconisés est celui de la réduction des heures de travail.
Que faut il penser de ce qu'on appelle "la Journée de Huit Heures" ? Aurait-elle pour effet d'améliorer le sort du travailleur, en sauvegardant les intérêts de l'industrie ?
Peut-on craindre au contraire qu'elle n'entraîne à la fois la ruine pour le producteur et le chômage pour l'ouvrier ? Le meilleur moyen de répondre à cette question est
d'enregistrer les résultats des expériences déjà tentées et de fournir au lecteur des chiffres et des faits sur lesquels il pourra établir lui-même sa conviction.

"Huit heures de travail, huit heures de loisir, huit heures de sommeil."

Dès que fut énoncée, il y a une quinzaine d'années (donc vers 1890) dans un Congrès réuni à Paris, cette formule, bientôt fameuse, l'effet fut immédiat.
Il semblait qu'elle apportât la solution, cherchée depuis longtemps, aux problèmes qui se posent dans le monde du travail. Elle allait inaugurer une ère de repos
et d'aisance pour les ouvriers, et assurer aux déshérités la place qu'ils avaient en vain réclamée jusque là. En est-il ainsi ? Peut on espérer qu'il en sera ainsi ?
Pour exprimer une opinion de quelkque portée sur un problème aussi complexe, il est essentiel de tenir compte des expériences qui ont été déjà tentées,
 comme des lois qui, en tout état de cause, régissent les questions économiques.

                                                                                                                             Une formule magique - Il existe des lois économiques qu'on ne peut méconnaître.

On comprend aisément la séduction exercée sur les travailleurs par cette formule qui semble faire une juste part au labeur et au repos.
 Aussi les "Trois Huit" figurent-ils le plus souvent en tête des revendications ouvrières qui se produisent au sein de l'industrie. Et voici à peu près le dialogue qui s'engage :
 "Veux tu, disent à l'ouvrier certains théoriciens, ne travailler que 8 heurtes au lieu de 10 heures, et souvent de 12 heures ?
- Et je gagnerai autant, interroge aussitôt celui-ci, justement inquiet de son salaire,
- Mais certainement, puisque la réduction s'applique à ton travail et non pas à ton salaire, qui restera le même "
La méfiance première est ainsi dissipée. "Puisque je gagnerai autant en travaillant moins, ma réponse ne fait aucun doute : vivent les Huit heures !..."
L'ouvrier ne se demande pas comment son patron qui, dans son prix de revient, doit comprendre pour une large part le salaire de l'ouvrier,
fera pour arriver à conserver ce prix de revient inférieur au cours de vente.
Et pourtant, c'est là toute la question.Dans les affaires, il ne sert à rien de se payer de beaux discours. Il y a des éléments positifs, précis,
 dont il faut bien tenir compte, et qui s'imposent.
Or, il  s'agit  ici, non pas  d'un calcul compliqué, mais d'un raisonnement de bon sens. Et il est si simple qu'il n'est personne à qui il ne
 soit pas accessible, aucun ouvrier qui ne puisse, se référant à ce qu'il sait et voit autour de lui, en constater la justesse.
En effet, la réduction des heures de travail amène dans beaucoup d'industries, un abaissement de la production. Si le salaire reste le même,
la dépense se répartit sur une production inférieure et augmente d'autant le prix de revient de la matière fabriquée. L'industriel, le propriétaire de mines,
obligés de hausser leur prix de vente, et trouvant devant eux des concurrents mieux armés, parce qu'ils ont des frais de main d'oeuvre moins élevés,
voient leurs affaires péricliter et les conduire fatalement à la ruine.
C'est là un calcul irréfutable. Et lorsque le producteur, après avoir vu s'enfuir ses bénéfices et la caisse se vider, n'aura plus d'autre ressource que de fermer son usine,
qui donc donnera du travail à l'ouvrier, désormais mis en disponibilité ? Ce n'est plus le salaire de 8 heures qu'il réclamera alors, mais celui d'autrefois, fût-il de 12 heures,
 pourvu que l'aisance, avec le travail, revienne au logis. Seulement, peut être sera-t-il trop tard, et l'ouvrier sera-t-il contraint de reconnaître qu'avec le système
des Trois Huit, il a imprudemment tué la poule aux oeufs d'or.
Ce n'est encore là qu'un raisonnement. Il s'agit de voir maintenant s'il est confirmé par les faits...

        
Chez les mineurs - Les heures sont réduites, la production baisse.

Prenons pour exemple l'industrie houillère : nous pourrons y constater la relation qui existe entre la réduction de la journée de travail et l'abaissement de la production générale.
Songez que, dans les exploitations minières, la conquête des Huit Heures est l'une des causes déterminantes de ces grèves formidables, dont l'une des dernières en date,
celle de Montceau les Mines, n'a pas duré moins de 105 jours, tout en faisant perdre aux ouvriers mineurs plus de 4 millions de francs de salaires, et permettant aux houillères
allemandes d'accroître, dans des proportions considérables, leur importation en France de charbon et de coke.
Lors de la grève survenue en 1899 dans le bassin houiller de la Loire, en vue d'un apaisement désiré par tous, diverses réformes étaient consenties à la suite d'un arbitrage.
La durée du travail était réduit d'environ 9%. L'arbitre ouvrier s'engageait à maintenir une somme d'efforts identiques, bien que répartis sur un temps moindre.
Malgré la bonne volonté des ouvriers mineurs, qui tenaient, on le conçoit, à donner raison à leur arbitre, la production baissa partout. Elle baissa de 5,8% dans la Compagnie de
Saint Etienne, de 6,1% aux Houillères de la Loire, de 5,5% aux mines de Montrambert. Même constatation dans le Pas de Calais, à Bruay, où, à la suite d'une réduction d'une demie-heure
 dans la durée de la journée de travail, la production tomba de 3350 kilos à 3100 kilos, par poste d'ouvriers, soit une diminution de production correspondante de 7,5%. Et ce ne sont là que quelques exemples.
Voilà donc des cas nombreux dans lesquels à une diminution de durée du travail a correspondu une diminution de production. A Anzin, la journée fut diminuée de 1 heure,
la durée étant réduite de 10h15 à 9h15. Tout de suite, le rendement par ouvrier tombe de 1142kg à 988 kg. La convention acceptée par les ouvriers promettait cependant que
la réduction de durée du poste de mineur ne toucherait en rien la somme de travail effectué. Même constatation aux mines de Ronchamps où, en 1890, la journée ayant été réduite
de 12%, la production baisse de 14%, tombant de 1085kg par ouvrier à 928kg. Des essais furent faits dans les mines anglaises du Yorkshire :
pour une réduction de 23% de la journée de travail effectif, on constata une réduction de 25,8% de la production journalière.

Chez les filateurs - Les prix de revient augmentent.


Nous allons voir maintenant ce qui s'est passé  dans l'industrie de la filature où il ne s'agit point encore, à la vérité, de la journée de 8 heures,
mais où l'on n'en a pas moins à raisonner sur le principe d'une diminution de la journée de travail. Il y a trois ans (donc en 1902), la journée dans les filatures,
lin ou coton, étaient de 12 heures. Elle fut réduite, d'abord à 11 heures, puis à 10h1/2, et enfin, à 10 heures. Sans vouloir critiquer aucunement le principe de cette
réduction, que contribuent à justifer les conditions particulièrement pénibles du travail dans les filatures, voyons comment ont été évaluées les conséquences
de cette diminution du travail sur les prix de revient industriels.

Le syndicat des filateurs de lin estime tout d'abord qu'en passant de 12 h à 10 h, quels que soient les efforts des ouvriers pour regagner le temps perdu,
quelle que soit aussi l'activité imprimée aux machines, la perte sèche de travail est sur l'ensemble de une heure un quart. Pour les prix de revient,
la majoration du coût du paquet - le paquet est l'unité de vente de la filature de lin - oscille entre 1,50F et 2,50F sur une valeur de paquet de 37 à 50 F.
Evaluée en pourcentage, cette augmentation ascille entre 4 et 5%. Pour la filature de coton, les frais généraux par kg de coton, qui représentaient 41 centimes,
s'élèvent à 47,70 centimes, c'est-à-dire que l'augmentation du prix de revient de la filature de coton sera de 9% du prix de revient ancien.

Pour le tissage, les résultats sont analogues. Il y a majoration, pour les 100 mètres de calicot, tant du fait des frais généraux que de la main d'oeuvre, de 1,01 F,
soit de 13%. Dans les filatures de laine, le prix de revient a augmenté de 6 et 8%.

En réalité, la répercussion de la diminution des heures de travail se fait sentir non seulement dans les mines et dans l'industrie textile, mais dans toutes les industries;
elle entraine d'abord l'augmentation du prix de revient, ensuite de plus grandes difficultés pour remplir certains engagements pris par l'industriel. L'industrie métallurgique,
par exemple, est parfois acculée à des délais très courts. Qu'il s'agisse d'une commande  de matériel de chemin de fer, rails, locomotives, wagons, ponts,
ou de matériel de guerre, le metallurgiste devra la livrer rapidement. Pour y arriver, il devra employer deux ou trois équipes là ou une seule aurait autrefois suffi.
Mais le pourra-t-il toujours ? La réduction des heures de travail lui crée ainsi un préjudice sensible.


Notre industrie obligée de vendre cher.
En outre, tout se tient dans l'ordre économique, et chaque incident y a de lointaines répercussions. Par suite, c'est le pays tout entier, c'est toute la vie économique que troublerait profondément une réduction des heures de travail dans les conditions où elle est réclamée aujourd'hui. L'élévation du prix de revient du charbon, ce pain de l'industrie, consécutif à l'établissement de la journée de huit heures n'intéresserait pas seulement les 165 000 ouvriers mineurs de France, elle intéresserait encore les 500 000 ouvriers qui travaillent dans les usines métallurgiques, les 25 000 ouvriers du gaz et de l'électricité, les ouvriers des chemins de fer, des arsenaux, des manufactures, du bâtiment, etc...Ce serait un renchérissement général de tous les produits fabriqués, par suite, la hausse du prix de la vie elle-même. Et ceux qui seraient les premiers à en souffrir ce seraient justement ceux qui vivent du travail de leurs mains.
Quelques chiffres à l'appui. On a calculé qu'une élévation de 2F à 2,50 F dans les prix de la houille ferait monter de 4,50 F le prix de revient de la fonte, de 7 francs celui de l'acier, de 10 F celui des tôles, de 15 à 30 F celui des produits finis et des machines.Les chemins de fer, la flotte de guerre ou marchande, les plus petits comme les plus grands ateliers éprouveraient d'inquiétantes surcharges, qui, toutes, auraient leurs répercussions sur le bien être général, allégeant les petites bourses dans des proportions bien faites pour les inquiéter.
Et ce n'est pas tout. La Francene vit pas que de son commerce intérieur. Son exportation de produits fabriqués, qui se chiffre à plus de 2 milliards, est l'une des sources de sa prospérité, en même temps qu'une source de travail. Pour maintenir ce chiffre de 2 milliards, nos industriels doivent lutter, dans les pays où ils vendent leurs produits, avec leurs concurrents étrangers. Comment le feront ils s'ils sont obligés de modifier les conditions de fabrication dans un sens qui aboutit à hausser leur prix de revient, par conséquent, leur prix de vente ? Et si les mêmes revendications ne triomphent pas en même temps hrs de France, comment pourront-ils lutter par ce bon marché qui tend de plus en plus à devenir la loi dominante sur toutes les places du monde ?


Le  chômage est à redouter - L'ouvrier remplacé par la machine.

On le voit, la journée de 8 heures aurait des conséquences ruineuses. Mais apportera-t-elle à l'ouvrier l'augmentation de bien-être qu'il en attend ? Lui assurerait-elle, tout d'abord, ces huit heures de travail, sans lesquellesles 8 h de loisir et les 8 h de repos qui les accompagnent dans la formule des Trois Huit ne seraient plus pour lui que des heures de misère et de privations?
On peut s'en rapporter, sur ce point, à la chambre de commerce de Paris, bien située pour savoir ce qui se passe dans l'industrie. Interrogée récemment par le ministre du commerce sur les conséquences d'unhe diminution de la journée de travail, elle répondait :" Avant de promettre que l'obn travaillera moins longtemps en gagnant le même salaire, il faut être sûr qu'à ces conditions, le travail ne manquera pas. Le pire malheur pour l'ouvrier, c'est le chômage, et c'est là cependant qu'aboutiront fatalement les réductions de travail excessives et précipitées, dont l'effet sera d'augmenter le prix de revient et de diminuer les commandes."
Or la diminution des commandes, c'est la diminution correspondante de la main d'oeuvre, c'est le chômage.
Par l'application de la journée de 8 heures, l'ouvrier se trouverait donc menacé de chômer. Voici une autre conséquence : le développement du machinisme, qui conduit à un déplacement toujours inquiétant du trzavail humain. La machine envahit déjà toute l'industrie : c'est elle qui tisse nos vêtement, qui nous habille, nous chausse, nous coiffe, nous transporte, moissonne le blé, le moud, cuit le pain. Huxley estime que 7 millions et demi d'ouvriers anglais produisent  aujourd'hui en 6 mois, autant que la population du globe produisait en un an il y a un siècle.
Elle donne à l'industriel le temps et la quantité de travail qu'il en réclame ; elle double, triple la production, s'il le faut. Quand on réduit outre mesure la production à la journée, l'intérêt de l'industriel est, toutes les fois qu'il le peut, de remplacer de plus en plus la main d'oeuvre par la machine. Cette loi se vérifie partout.
A ce point de vue, nous citerons une histoire qu'il importe de méditer. Un industriel, afin de mieux lutter avec la concurrence étrangère, prit la résolution de diminuer ses frais de lmain d'oeuvre. Il partit pour l'Amérique, s'aboucha avec un de ces hardis inventeurs qui sont toujours en quête de nouveaux moyens pour remplacer la main d'oeuvre par une ingénieuse combinaison de mécanismes, et revint avec un instrument qui, par le jeu automatique de ses organes, supprimait à lui seul 25 ouvriers. Huit de ces machines en supprimaient deux cents ! Le personnel ouvrier nécessaire à leur conduite n'était plus que d'une douzaine de personnes.
Ainsi, le chômage, sous une double forme, soit par suite de la ruine de l'industrie, soit par la substitution du travail de la machine à la main d'oeuvre, voilà ce que réservent aux travailleurs les Trois-Huit...


Ce qui ruine la France enrichit l'étranger.



En outre, il est un point de vue que nous n'envisageons pas suffisamment en France : c'est que nous ne sommes pas seuls en Europe. A peine avons nous commis une imprudence ou une erreur, nos concurrents des autres nations s'empressent d'en profiter et nous la font payer cher.
Là encore, les chiffres parlent d'eux-mêmes. Dès que s'est déclarée la grande grève des mineurs de 1902 réclamant la journée de 8 heures, les exportations houillères allemandes s'accroissent rapidement. Les usines métallurgiques de l'Est, craignant de manquer de combustible, passent des contrats à long terme avec les mines de Westphalie. l'exportation allemande qui en novembre 1901 était de 70 470 tonnes, monte en novembre 1902 à 176 920 tonnes. Les représentants des maisons allemandes passent des marchés jusqu'à Amiens. Pour la première fois, on voit entrer à Saint Etienne des wagons chargés de houille extraite de l'autre côté du Rhin ! L'exportation anglaise croit de 482 000 tonnes  à 874 000 tonnes !
Par une conséquence inévitable, la grève a son retentissement sur les marchés financiers des valeurs des charbonnages. Les actions allemandes montent de 40 et de 50 Francs. Même résultat en Belgique, où l'on voit les actions des charbonnages belges s'élever de 380 à 445 F ! La fortune française s'écoule par dessus la frontière, au grand bénéfice et à la grande joie de nos voisins.
Pendant ce temps, la grève faisait perdre aux mineurs du Nord et du Pas de Calais 15 979 307 Francs de salaireqs. Que de misères, que de drames, que de ruines amoncelées !
Or on oeut comprendre que les ouvriers s'exposent aux privations de toutes sortes et aux souffrances immédiates que représente pour eux une grève, quand ils en attendent dans l'avenir un bienfait réel. mais on voit que dans le cas actuel, il n'y aurait que duperie. Ey l'on doit doublement regretter que quelques unes des grèves les plus formidables aient été organisées en vue d'aboutir à un résultat qui, par lui-même, serait si fâcheux pour l'ouvrier.

Est_ce à dire qu'il n'y a rien à tenter, qu'il faille d'avance repousser tout projet de réforme dans les conditions actuelles de travail, et que l'ouvrier doive abandonner tout espoir de voir diminuer ses efforts, et augmenter la juste rétribution de son activité et de ses talents ?
Non, certes, mais au cas où il serait possible de diminuer la journée de travail dans certaines limites compatibles avec le bon fonctionnement des diverses industries, encorte l'industrie française ne doit-elle pas être la seule à accepter cette diminution.
Si nos prix de revient augmentent, l'industrie étrangère vient concurrencer notre marché intérieur, en même temps qu'elle nous ferme son marché à elle. Si donc l'industrie française accepte une situation nouvelle, il faut, pour qu'elle ne soit pas préjudiciable, que toutes les industries ses voisines l'acceptent en même temps qu'elle. Suivant une frappante expression, la France ne peut pas jouer, dans cette question de vie et de mort de sa puissance industrielle, le rôle de "Don Quichotte de la réduction du travail".
La question de la limitation de la journée de travail ne pourrait donc être résolue qu'à la suite d'une conférence et d'une entente internationales entre les producteurs des divers pays. On voit d'avance à quelles difficultés se heurteraient les discussions, si jamais semblable projet était mis à exécution, dans quel inextricable réseau de coontradictions elles auraient à se débattre quand il faudrait donner satisfaction aux désideratas d'industries les plus diverses et ayant souvent à défendre des intérêts opposés.
Au lieu de chercher le mieux en mettant des entraves à la liberté du travail, il est beaucoup plus conforme à la nature des choses de l'attendre du progrès général des  moeurs, du bienfait de l'initiative privée qui a déjà réalisé en ce sens de notables améliorations, et de l'entente raisonnée entre industriels et  travailleurs dont, on ne saurait trop le redire, les intérêts sont essentiellement les mêmes...