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Entre
Montceau les Mines et
Digoin, j'ai
découvert cette grande briqueterie lors de mon voyage
depuis la Champagne, et suis passé devant le 2
janvier de
cette année 2014. Sur cette
portion, le
canal du Centre a connu une grande concentration d'activités
céramiques
au cours du XIX° siècle, la plupart
disparues depuis les années soixante.
C'est
ainsi qu'elle m'est apparue depuis la péniche
C'est
la Communauté urbaine Creusot Montceau qui est
à
l'origine de la sauvegarde et de la mise en valeur de ce patrimoine
industriel remarquable...Une chance inouïe a fait que bien que
devenue friche industrielle, le site n'a pas été
détruit, ni
liquidé
comme ça a
été le cas en tellement d'endroits en France, des
hauts
fourneaux de la Vallée de la Chiers, en Lorraine,
à la
briqueterie de Champigny en Champagne et en d'innombrables lieux
où un patrimoine
industriel irremplaçable a été
rasé au
bulldozer...
Créée
en 1893, l'usine a fonctionné
jusqu'en 1967,
produisant des briques, des tuiles, des carreaux, et
quantité de
produits destinés à l'industrie chimique,
utilisant les
propriétés exceptionnelles
des argiles locales grésées à haute
température.
Un parcours
balisé permet de
suivre toutes les étapes de la fabrication. Sur le plan
muséologique, c'est remarquable de
clarté...
La
grande salle de façonnage des briques située
sous les
broyeurs et la chaine de préparation de la pâte.
Au
centre, l'extrudeuse avec le chariot recevant les briques. A droite, le
monte charge
élevant les tuiles
jusqu'aux
séchoirs.
- C'est en 1930 que la
briqueterie
Vairet-Baudot a racheté la tuilerie Bossot de Ciry le Noble,
mais c'est une production qui est restée marginale et a
cessé en
1945.
- On peut voir les fours en
parfait
état, ainsi que le premier grand four rond dont seule
subsiste
la paroi extérieure, les briques isolantes ayant
été réutilisées pour
la construction de fours plus récents.
- Le Musée donne
à voir
également des expositions temporaires. En ce moment, trois
présentations permettent d'étendre les
connaissances sur
l'industrie céramique de la
région.
La
plus importante, me semble-t-il est celle consacrée
à
la découverte et la fouille du dépotoir de
l'entreprise
Langeron, productrice de grès
émaillés,
implantée non loin de là à
Pont-des-Vernes,
sur la commune de
Pouilloux, exposition intitulée
"Trésors de dépotoir"
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Thierry
Bonnot est chargé de recherche au CNRS, membre du
laboratoire
Genèse et Transformation des Mondes Sociaux
(CNRS/EHESS, Paris). Historien de formation initiale, il a
travaillé de 1994 à 2002 à
l’écomusée de la Communauté
Le
Creusot-Montceau (Saône-et-Loire) pour lequel il a
mené
plusieurs enquêtes
aboutissant à des publications et
expositions.Aidé
par Jacques Gaudiau, collectionneur et érudit, il a
entrepris la
fouille et l'exploitation du dépotoir de
l'entreprise, dont on voit une reconstitution partielle ci-dessus. Un
livre passionnant a été
édité à
cette occasion, faisant suite à une première
publication
sur cette
entreprise.
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Beaucoup
de pièces porteuses de défauts ont
été
ainsi découvertes, mais aussi du matériel de
production
: montres
fusibles, estèques de tournage, tournasins, etc... et
surtout,
quantité de moules en plâtres, moules de
production pour
le coulage, l'estampage, le calibrage et mères de moules,
porteurs
d'informations capitales sur le fonctionnement de l'usine.
Enfin,
juste un mot de l'exposition "d'oeuvres"
réalisées par
Michel Delacroix à partir des moules du dépotoir.
Le
titre de "bugs" va
bien à ces réalisations, et je me permets de n'y
voir
qu'une aimable plaisanterie non dénuée de valeur
technique, plutôt
qu'une "oeuvre" au sens artistique du terme...