La Meuse de Pont à Bar à Namur

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Voyage du 2 au 8 juillet 2004

Après la vertigineuse montée de l'échelle d'écluses du Canal des Ardennes, seulement 26 km ont été franchis en 11 h de navigation.

Une halte appréciée à le Chesne, sur le bief de partage, avant de redescendre sur la Meuse.

Pour la plaisance, quelques places disponibles à condition que les bateaux ne soient pas trop gros, avec un minimum de confort :

quelques prises électriquesd'un côté du canal, une prise d'eau, mais rien de l'autre côté. C'est incontestablement une étape qui mériterait

d'être un peu mieux aménagée, et les commerces locaux en profiteraient certainement.

Pour un gros bateau, pas de place, comme presque partout, si ce n'est un peu en amont, soit à un quai d'attente du silo, soit au silo.

C'est là que, grâce à la gentillesse d'un employé, nous trouvons refuge avec le luxe d'un raccordement électrique pour la nuit.

Les batteries de stockage sont faibles après 4 jours de navigation, et nous n'avons nulle envie de la compagnie du groupe électrogène…

C'est le lendemain, à la mi-journée, que nous atteignons l'écluse de Pont à Bar, et arrivons enfin sur la Meuse…

Le contraste est saisissant : un fleuve déjà large, plus de vitesse, et surtout beaucoup plus de tenue du bateau, moins gêné par ses propres remous.

Autant le pilotage d'un gros bateau en canal ne permet pas une seconde d'inattention, autant sur le fleuve, la dynamique du flux aide à la conduite…

Ce sera une journée de 45 km pour seulement une douzaine d'écluses.

Le lendemain 3 juillet va être une rude journée. Le paysage se creuse, les escarpements plongent vers les rives.

La Meuse a creusé son lit depuis le début de l'ère quaternaire, au moment où le Massif des Ardennes subissait un soulèvement important

empêchant tout dépôt d'alluvions, d'où cette vallée encaissée et majestueuse…

A l'écluse de Joigny, des marques témoignent des énormes crues de la Meuse, celle de janvier 91, de décembre 93, et surtout de février 95

qui a submergé le poste de contrôle de l'écluse…Assez curieusement, en Belgique, la Meuse monte beaucoup moins…Nous verrons pourquoi !

Pendant presque une demi-heure, nous naviguons en vue des Rochers des Quatre fils Aymon, dont la silhouette évoque le légendaire Cheval Bayard,

emportant les 4 héros poursuivis par Charlemagne…

Vers 10 h du matin, nous sortons de l'écluse de Deville-Monthermé. Juste devant le bateau, une bouée verte, donc à laisser sur la gauche,

puisque nous sommes avalants, mais le chenal ainsi déterminé est vraiment très étroit, et en plein milieu des peut-être 8 mètres de passage

semble sortir de l'eau un minuscule îlot. Je pense donc à une erreur de balisage, et à vitesse très réduite, j'engage l'avant du bateau sur la gauche…

et je m'échoue. Pas violemment, certes, mais ce sont quand même 340 tonnes qui s'appuient sur sans doute quelques mètres carrés de graviers …

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Appel à l'écluse toute proche, demande d'aide à des bateaux montants parmi lesquels seul un Belge plein de gentillesse

va répondre, et avec son bateau de 20 mètres, il essaie de nous tirer en arrière…tandis que nous réussissons à passer

un cordage à terre, repris par l'un des éclusiers et un barragiste qui en un tournemain, réussissent, avec un tire-fort

amarré à un arbre, et les efforts conjugués du bateau belge, à dégager l'avant du bateau. Nous sommes libres…

L'îlot qui m'inquiétait tant s'éloigne. C'était un amas de branchages dérivant sur le fleuve.

Comment les remercier ? J'ai à bord une bouteille de Champagne et un Magnum. La bouteille rejoint le bateau belge, et le magnum est déposé deux écluses plus loin pour l'aide terrestre…J'oublie de dire que dès que l'un des éclusiers m'a donné le numéro de portable du Chef de la subdivision, j'ai appelé celui-ci - qui était d'astreinte, nous sommes un samedi- qui m'a tout simplement dit qu'il ne pouvait rien faire et que je n'avais qu'à appeler les pompiers…

Au retour, trois semaines plus tard, j'apprends que le barragiste et l'éclusier qui nous ont aidé se sont fait sermonner par leur chef de subdivision…

Défense d'aider…"- C'est dangereux. Vous auriez pu abîmer leur coque, et alors, "ILS" se seraient retournés contre nous…

Bon, passons…n'est-ce pas dans l'air du temps ? Solidarité sera bientôt devenu un gros mot.

Par contre, et c'est très drôle, au retour, la même écluse est en panne… J'avais le numéro, donc j'appelle le subdivisionnaire pour lui demander

de faire intervenir un agent en me permettant de n'être pas franchement agréable. Je luis rappelle que quelques semaines avant,

je me suis échoué dans sa circonscription mal draguée…… Ledit agent arrive quelques minutes après, assez rigolard et me dit :

" je vous accompagne jusqu'à ce que vous soyez sortis de la circonscription, Ordre du chef….

Nous avons perdu un peu plus d'une heure. C'est sans importance… La Vallée est magnifique.

Un petit regret de ne pas avoir profité de la superbe boucle de la Meuse de Monthermé

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Mais nous la passons à ras de la paroi, dans un chenal qui nous prive de la vue… D'ailleurs, c'est d'avion que ce méandre est vraiment saisissant…

Puis ce sont les Dames de Meuse, ces énormes rochers de la rive gauche, dont l'imagination populaire a fait des Reines pétrifiées.

Des grosses Reines, ça, c'est sûr…

Enfin, voilà l'écluse de Revin et ses 4 mètres de dénivelé

Nous essaierons de nous arrêter à Fumay…Le quai est à main gauche, plusieurs centaines de mètres de longueur, mais pas une place de libre…

Un orchestre est entrain de jouer sur la place, juste devant la capitainerie, comme pour fêter notre arrivée…

Je réussis à engager la proue du bateau dans un petit espace libre. Une amarre est passée à terre. L'arrière de la péniche est à 10 mètres de la rive,

et entre elle et ma péniche, un bateau belge d'une quinzaine de mètres qui semble se faire du soucis pour sa coque….Nous réussissons à passer une amarre

à l'arrière, et le courant du fleuve suffit à nous écarter de notre voisin qui reste soucieux…

L'harmonie municipale est entrain de remballer ses instruments. La halte est magnifique. Eau, électricité, des douches, une machine à laver.

Je n'ai vu l'équivalent en confort et commodités qu'à Mareuil sur Ay, sur le canal latéral à la Marne. Quelques grincheux laissent des traces désagréables

sur le livre d'or : par exemple : " avec des tarifs pareils, vous vous prenez pour un port de la côte d'azur. N'oubliez pas que nous faisons vivre votre ville…

" Pour ma part, je n'ai pas trouvé du tout excessif le fait de payer 11 € pour les 38 m de mon bateau avec toutes les commodités offertes.

Nous faisons une journée de halte. Lessives, recharge des batteries, et découverte de cette superbe petite ville, ancienne capitale ardoisière, économiquement sinistrée.

Des quantités de maisons sont à vendre…

La halte nautique de Fumay vue de l'autre rive de la Meuse
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Fumay s'éloigne...

Le 5 juillet, nous repartons de bonne heure et passons tout d'abord devant la très belle halte nautique d'Haybes, sur la rive droite, presque déserte,

bien qu'à seulement 3 km de Fumay.La Vallée s'élargit un peu. Au loin, sur la droite, les colonnes de vapeur sortant de la centrale nucléaire de Chooz

m'impressionnent autant que celles de Nogent sur Seine. C'est encore plus surprenant ici, dans cette nature plutôt sauvage.

Un chenal, puis le tunnel de Givet nous éloignent de la centrale. Plusieurs mois avant ce voyage, en en parlant avec des amis mariniers, tous m'ont dit :

" avec ta terrasse couverte, tu ne passeras jamais ce tunnel. Il est très bas, très étroit…"

Je n'allais pas courir le risque d'un demi-tour forcé, et sans doute de plus d'une semaine supplémentaire de navigation…

Je suis donc venu en voiture, avec une grande tige de bois de trois mètres, que j'ai soigneusement appliquée contre la paroi de l'entrée du tunnel,

et j'ai pris des photos. Là-dessus, j'ai rajouté la coupe du bateau à l'échelle, et … ça passait. Pas de beaucoup, mais ça passait…

Le Tunnel de Givet entre les écluses de Ham et celle des trois Fontaines

Ce petit voyage m'a montré à quel point les perceptions du paysage depuis la Meuse ou depuis la route qui la longe sont différentes. De petit, vu

de quelques mètres de hauteur, le fleuve s'avère être énorme quand on est dessus, et encore ne l'ai-je pas vu en début de crue…

Dès l'entrée dans le chenal, je prends contact avec l'éclusier de Ham qui me baisse le niveau de 20 cm dans le bief, et ainsi, ma péniche passe sans presque toucher…

A la sortie de l'écluse de Trois Fontaines, les deux tours de refroidissement de la centrale de Chooz

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Givet, avec au loin, les panaches de la centrale nucléaire de Chooz

Enfin, nous voilà à Givet, sans doute l'un des endroits où même un gros bateau n'a que l'embarras du choix pour stationner.

On sent l'approche de la Belgique…Au PK 3, j'entre dans le chenal qui mène à l'écluse des 4 cheminées. Le guide Navicarte indique un fort courant…

C'est peu dire. A l'œil, on voit nettement la dénivellation entre le niveau de la Meuse et celui du chenal… Là, je suis avalant, mais au retour,

je vais pratiquement faire du surplace pendant le franchissement de cette porte malgré mes 160 CV qui poussent à 1400 tours…

j'ai cru pendant un moment que je n'avais plus d'hélice !

Première écluse belge : on change de gabarit ! Il tient 8 péniches comme la mienne dans le bief.

Nous voilà en Belgique, et c'est comme un changement d'univers… Changement de format des écluses, plus de barrages à aiguilles, mais tout est hydraulique,

moderne. A titre de curiosité sont présentés des morceaux de barrages à aiguilles comme témoignages du passé. Chez nous, en France, le dernier progrès consiste

à remplacer les aiguilles en bois exotique par des barres d'aluminium, plus légères…D'énormes vérins actionnent des vannes d'acier..

Un panneau invite les promeneurs à passer sur les portes de l'écluse. En France, c'est interdit !

Les écluses fonctionnent de 6 h du matin à 22 h (contre 9 h à 18 h sur le canal des Ardennes) et divine surprise, alors que je m'attends à payer; l'équivalent du droit de circulation à la journée pour une Freycinet soit une quarantaine d'euros, on me demande…; 1,20 € pour deux jours de navigation…au lieu de 80 en France !

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Entre Hastières et Waulsort, une énorme drague fouille le fond du fleuve et en extrait de pleines péniches, - des grosses, de 1000 ou 1500 tonnes- de graviers qui vont partir en Hollande renforcer les digues. Ce dragage continuel du lit du fleuve explique en grande partie le fait que les crues sont beaucoup moins catastrophiques ici que plus en amont où aucun dragage n'a eu lieu depuis des lustres !

Arrêt pour la nuit un peu avant Dinant. Du fond partout, des bollards presque partout…Nous sommes dans le pays du fluvial.

Dinant et sa forteresse, son rocher Bayard, une ville magnifique où j'ai envie de revenir. Des quais sans fin sur chaque rive…

Puis enfin Namur, avec son superbe pont, le confluent avec la Sambre...

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Le vieux pont de Pierre de Namur, juste sous la Citadelle. Et le confluent de la Sambre avec la Meuse

Nous sommes presque arrivés. L'écluse des Grand malades, la première que je vois avec les portes coulissant latéralement,

... et nous voilà arrivés en 8 jours de navigation à notre but, le chantier Meuse et Sambre, juste en aval de Namur…

Nous y resterons presque trois semaines, une pale de l'hélice étant brisée.

Le chantier a eu le temps de faire une grosse toilette à la coque...

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