Un
pont-canal, des ponts- canaux...
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La Saône et Loire est riche de musées, de
monuments.
Tous rendent compte de l'activité des hommes à
différentes époques. Mais certaines de ces
activités tombent dans l'oubli, on ne les
remarque
plus, bien que nous les ayons sous les yeux ...
Ainsi, en suivant le trajet
de mon canal, non pas dessus,
mais à côté, entre Digoin et
Roanne, et en
y faisant un peu attention, je découvre
l'ingéniosité des constructeurs qui,
comme en établissant une route, ont dû faire
franchir à leur ouvrage des rivières, ruisseaux,
chemins, surtout le long de cette Loire que le canal borde sur une
cinquantaine de kilomètres et qui reçoit sur sa
rive gauche nombre d'affluents.
- Dans
son livre de souvenirs, "Nous les filles", Marie Rouanet
évoque ainsi le pont-canal sur l'Orb :
- "Quand
nous avions le temps, nous
allions jusqu'au Pont-Canal, l'aqueduc qui fait franchir le canal
à l'Orb. Cette idée qu'un pont puisse faire
traverser
l'eau à l'eau a enchanté mon enfance. Quand du
milieu du
du Pont-Canal, nous regardions l'eau de l'Orb passer dessous, avec son
courant perpendiculaire à celui du canal glissant dans
l'espace
au-dessus des arches, nous étions sûres d'assister
à des prodiges"
Lorsque début
2014, j'ai rejoint Melay, j'ai
bien
sûr franchi avec ma péniche le superbe pont-canal
de Digoin qui surmonte la Loire...
Le 10 juillet
2016, dernière étape du Festival des Voix d'eau de
l'été
Il est un des premiers
grands pont-canaux de France, avec
243 m
de long.Ouvert à la navigation en 1838, en même
temps que
le canal, il a été remanié entre 1890
et 1896 dans
le cadre de la mise au gabarit Freycinet
du canal. Ainsi il a été approfondi par
surélévation de son couronnement. Pas
très loin
d'ici, au bout du canal latéral à la Loire, plus
célèbre encore,
le
pont-canal de Briare
beaucoup plus long (662
mètres ! ) et non pas en pierre, mais en métal !
Mais revenons sur notre canal où des passages bien plus
modestes
permettent aux affluents de la Loire de rejoindre cette
dernière
dans les meilleures conditions possibles, et surtout sans transformer
le canal en barrage !
Il faut souvent
être
à pied pour repérer les passages les plus
modestes, ceux
qui ne laissent passer qu'un ruisselet...
On
notera qu'à l'époque de construction de ce canal,
tout
appareillage était en pierres taillées et
soigneusement
maçonnées. Pas de tuyaux
préfabriquése en
1838.
Sur
l'image du
centre, prise
entre Melay et Briennon, à hauteur de "la Belle
marinière" on voit que le canal est, comme souvent sur son
parcours, en surplomb de la route, ce qui explique la construction du
mur permettant de reculer la sortie du passage à hauteur du
caniveau de la route.
Sur l'image de
gauche,
traversée sous le canal ; à droite, sous la
route, beaucoup plus étroite. On note l'augmentation de
taille,
évidemment liée au débit du ruisseau...
Ruisseau
à gauche, chemin et ruisselet à droite. Aucune
standardisation dans les ouvrages, à chaque fois, c'est du
sur mesure !
Le pont-canal qui enjambe la Teysonne se cache un peu, il faut
traverser une grande pâture avant de l'atteindre ; on y voit
le
renfort de la rive par un appareillage de pierres taillées,
afin d'éviter l'érosion, et
la taille de l'arbre abandonné dans le lit de la
rivière, sur l'image
de droite, nous donne une idée de la force des crues qui,
bien
sûr, justifient les dimensions de l'ouvrage...
Pour terminer
cette
promenade, c'est comme le bouquet final d'un feu d'artifice : ce n'est
plus le canal qui passe au-dessus de la rivière, mais le
contraire : l'Oudan, petite rivière capricieuse de
24 km de longueur, qui nait dans les Monts de la Madeleine s'est vu
offrir un pont-rivière pour que son cours
détourné puisse franchir le canal de Roanne
à Digoin, juste à l'intersection de ce canal avec
le bassin de l'Oudan.
Construit
par le
même architecte que le pont-canal de Briare, en
1897, il lui est aussi très semblable,
constitué d'une bâche métallique en
acier reposant sur des culées
maçonnées.
On
notera
l'élégance des supports de la coursive de chaque
côté de la bâche métallique
constituant le pont-rivière. Sur l'image de droite, le long
de la maçonnerie, on voit bien la trace des fuites
à la jonction de la bâche avec le sol...
Voir également ci-dessous.