Il n'y en a plus beaucoup, de
ces ponts pas mal mangés par la rouille, mais beaucoup
d'autres sont modernes et en pleine forme...
A gauche, le pont levant suit un pont
canal
franchissant ici la Marne. En circulant sur une péniche,
les ponts s'ouvrent devant nous,
comme les
barrières des passages à niveau se ferment
à l'arrivée des trains...
On rencontre aussi de bien jolies passerelles piétonnes,
plus fréquentes en ville qu'en rase campagne :
La passerelle du Grand Jard,
à Châlons en Champagne.
A droite, l'une de celles du canal St Martin
à Paris
Les ponts ont été de tous temps des passages
stratégiques, qu'ils enjambent des rivières,
fleuves ou canaux. Après les ponts en bois, ceux en pierre,
plus solides,
n'ont pas été épargnés par
toutes sortes de catastrophes. C'est dans la seconde moitié
du XIX° siècle que le développement de
l'industrie sidérurgique
a vu naître les ponts en poutrelles métalliques,
et ainsi sont faits la plupart de ceux qui franchissent nos canaux.
A titre documentaire, voici ce qu'écrivait en 1887 un auteur
dans la revue scientifique Le Cosmos :
Le
pont métallique
de Fumay.
1887
Article de B.Bailly Le Cosmos 21 mars 1887
Les ponts
métalliques tendent peu à peu, sinon à
remplacer
les vieux ponts en pierre, qui, solidement assis sur leurs bases,
n'ont aucune raison de leur céder la place,
du moins
à
se substituer à ces coûteuses constructions dans
les
nouveaux devis des ingénieurs
Il est
permis de regretter ces monuments de pierre, d'une durée
pour
ainsi dire illimitée et qui donnaient l'occasion de
réunir
dans un effort commun
les conceptions de l'architecte et celles de
l'ingénieur. Avec
les
ponts métalliques, notre époque ne laissera
guère
à nos descendants que le souvenir de la hardiesse qui les a
fait entreprendre.
Par la
nature même des matériaux qui
les forment, ils sont
voués à une destruction tellement
rapide, que l'on est
obligé de faire entrer en ligne de compte
l'amortissement en
quelques années de la construction de
leurs
parties métalliques. Les
artistes, les conservateurs, n'aiment pas plus les ponts en fer
qu'ils n'aiment les tours de 300 mètres,
et nous venons
d'exposer la cause à leur point de vue.
Pauvre
homme ! s'il avait pu prévoir le devenir de la Tour Eiffel
et la durée de ces ponts métalliques...
Jetons
un coup d'oeil sur ce fameux pont de Fumay dont l'histoire
résume assez bien les péripéties de
ces indispensables constructions.
- Ces
deux gravures illustrent l'article cité. Construction du
pont métallique en 1866.
- Bien sûr, en
1914, il est détruit, très exactement le 18
août. N'oublions pas que la dynamite a
été inventée en 1866, et s'est
avérée très commode pour
démolir n'importe quel pont.
- Il fut reconstruit en
1925, puis à nouveau détruit le 12 mai 1940 pour
causes identiques à la fois
précédente, empêcher le passage des
troupes allemandes.
Ce
sont les guerres qui ont consommé le plus de ponts, et
imaginez le traumatisme des ingénieurs des Ponts et
Chaussées qui, après avoir réussi des
prouesses en terme de portée, de solidité, de
durabilité, ont été obligés
de prévoir le dynamitage de leurs oeuvres, afin
qu'après les avoir rendues inutilisables, leur
réparation soit possible...Ainsi, des zones de fracturation
ont été prévues, zones où
déposer les cartouches d'explosifs...
Le
pont SNCF sur le canal latéral à la Marne,
à Ay, dynamité en septembre 1914, par les
Allemands, cette fois, en route vers Reims .
A droite, le pont actuel. On notera que la
barrière du canal est d'origine !
Mais
revenons à nos ponts familiers, ceux du canal de Roanne
à Digoin...
- Bien peints ou un peu
négligés, ils sont solidement appuyés
sur des culées en maçonnerie et enjambent en
général, en plus du canal, une voie au moins
permettant aux
- chevaux de trait de haler
les bateaux sans avoir à détacher le
verdon de halage pour que les animaux franchissent le pont par le plan
incliné.
-
- Mais
parfois, comme ici au pont de la Belle Marinière, aucun
passage pour le cheval.
- On
trouve alors dans les piliers la trace du câble de halage qui
nous rappelle que les automoteurs ne sont pas si anciens que
ça ! Le cheval montait à la hauteur du pont par
le plan incliné, et redescendait de l'autre
côté, le câble frottant contre le
pilier. Ensuite, on détachait le verdon pour reprendre
l'attache une fois que la péniche avait passé le
pont.
Sur
celui qui est juste en amont de Melay, on trouve un curieux
dispositif
- J'ai
tracé en rouge le chemin du câble qui, sans fin,
devait permettre de faire passer le verdon de halage sous le pont, en
tournant la manivelle,
- sans
avoir à dételer le cheval. Ce qui semble
bien inutile sous ce pont particulier, puisque chaque
côté du canal comporte assez de largeur
- pour
que passe le cheval...
- Mystère
présenté à mon ami Charles Berg, qui
sait tout sur les canaux, et il considère ce dispositif
comme une des curiosités du canal, pas plus...
Tout ça, c'était juste pour compléter
ce que je vous ai raconté sur les ponts-canaux...
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